L’introduction du programme Web3 du West Data Festival 2023 était présentée par Alexandre Bouchet, Managing Director chez CLARTÉ. Metaverse, Web 3, NFT, blockchain, bitcoin, autant de notions restent encore confuses pour beaucoup ont été évoquées. Cette introduction nous a aidé à mieux appréhender les liens entre chacune, à identifier les principaux acteurs, le moment opportun pour vous lancer (ou non !).
Qu’est-ce que le Métavers ?
On en parle de plus en plus, mais il est difficile de trouver une définition simple et générique de ce terme. Au-delà de sa définition et de l’excitation qu’il suscite, la question de l’intérêt des consommateurs pour cette technologie se pose réellement. La plupart des gens restent sceptiques et se posent des questions quant à cette technologie.
La naissance du Métavers
En 2021, l’engouement public pour le Métavers a vraiment pris son envol. La raison en est que Facebook a exprimé son désir de se lancer dans le métavers en août. En décembre, l’entreprise devient Meta. Ce changement de nom intervient après la crise traversée par le groupe ces derniers mois (problèmes médiatiques liés à la confidentialité et à l’utilisation des données, plusieurs lanceurs d’alerte internes, problèmes de revenus, baisse sur les marchés financiers et baisse significative du résultat net…). Ce changement de nom intervient donc à un moment où la marque doit reprendre son souffle.
Début 2022, un engouement nouveau pour le Métavers
En janvier 2022, les annonces d’investissements massifs liés au Métavers ont commencé. Par exemple, Microsoft a déclaré son intention d’acquérir Activision (l’un des plus grands éditeurs de jeux vidéo au monde). Dans le communiqué de presse annonçant cette acquisition, Microsoft déclare vouloir acquérir les fondations technologiques nécessaires pour construire le métavers. Les investissements ont décollé et des dizaines de milliards de dollars ont été dépensés entre octobre 2021 et l’été 2022. Les banques investissent également massivement dans des startups liées au terme “Métavers”.
L’exemple d’Epic Games
Dans le domaine des jeux vidéo, Epic Games (un studio de développement et distributeur de jeux vidéo américain) a levé 2 milliards de dollars en partenariat avec Sony et Lego pour investir dans l’idée de construire un nouveau paradigme informatique. L’objectif est d’accélérer la croissance d’Epic Games et de lui donner les moyens d’explorer le potentiel du Métavers. Au début de 2022, les médias commencent de plus en plus à évoquer les opportunités de marché offertes par le Métavers.
Mais de quoi parle-t-on ?
Des visions différentes du Métavers
Le Métavers possède des caractéristiques clés. Plusieurs personnes ont exprimé leur vision de ce à quoi pourraient ressembler les métavers.
Nick Clegg, président des affaires internationales chez Meta, déclare : “Le Métavers est une couche virtuelle d’informations que tout le monde pourra vivre et tester comme une superposition du monde réel.” Selon la vision de Meta, il ne s’agit pas de réalité virtuelle, mais plutôt d’une amélioration de notre perception du monde réel. Il s’agit donc d’un principe de réalité augmentée.
Kevin J. Yeaman, PDG de Dolby, affirme que, pour son groupe, le Métavers est une forme d’expérience audiovisuelle, principalement assurée sur le divertissement.
Pour Shar Dubey, PDG de Match Group, l’un des plus importants investisseurs américains dans les startups technologiques, le Métavers est un lieu de rencontre où les gens se réunissent pour s’amuser et prendre un verre. Elle considère avant tout le concept comme une expérience sociale.
Bill Gates, quant à lui, présente cette technologie comme un moyen de ne plus participer à des réunions via des caméras 2D, mais plutôt d’évoluer dans des espaces en 3D en tant qu’avatar pour travailler et se réunir.
En regroupant toutes ces définitions, nous considérons des éléments constitutifs de ce que pourraient être les métavers.
Au service de l’immersion
Alexandre Bouchet : “Le Métavers, ce n’est plus un internet que vous regardez, mais un internet dans lequel vous êtes plongés.” L’idée d’immersion est prédominante. Nous passons ainsi d’un monde plat avec Internet à un monde spatial avec les métavers. Si nous allons plus loin, nous pouvons dire que le Métavers représente une évolution d’Internet qui présente plusieurs caractéristiques :
- Le Métavers offre un environnement en temps réel, similaire à celui d’un jeu vidéo, où les actions se déroulent instantanément.
- Même après avoir quittés l’espace virtuel, les métavers continuent d’exister, offrant une expérience numérique permanente.
- Le Métavers est constitué d’éléments visuels en trois dimensions, permettant un environnement immersif et réaliste.
- Les utilisateurs du métavers peuvent interagir avec l’environnement. Ils peuvent effectuer des actions telles que déplacer des objets ou personnaliser leur avatar.
- Le Métavers favorise les interactions sociales.
- Le Métavers intègre de plus en plus les technologies de réalité virtuelle (RV) et de réalité augmentée (RA). Les utilisateurs peuvent vivre des expériences encore plus immersives.
- Le Métavers est soutenu par une économie virtuelle. Celle-ci repose souvent sur l’utilisation de cryptomonnaies et de NFT pour les transactions et les échanges de biens virtuels.
“Le Métavers est un agrégat de multiples éléments”
- Le Métavers nécessite l’utilisation de dispositifs matériels.
- Des algorithmes sophistiqués sont utilisés pour rendre l’espace virtuel du métavers réactif.
- Des infrastructures réseau sont essentielles pour permettre la connectivité.
- Des outils et des normes spécifiques sont développés pour faciliter la création, la gestion et l’interaction dans les Métavers.
- Les métavers proposent des systèmes de paiement virtuels pour soutenir les transactions et les échanges de biens et de services au sein de cet environnement virtuel.
- Le Métavers est alimenté par une diversité de contenus, de services et d’objets virtuels, ainsi qu’un écosystème riche et dynamique.
Un scepticisme ambiant persiste
Aujourd’hui, il existe toujours un certain scepticisme ambiant envers les métavers. Quelques critiques remettent en question son utilité. Est-ce que l’achat de paniers virtuels sur Roblox représente l’avenir de nos enfants ? Est-ce que travailler seul chez soi avec un casque de réalité virtuelle est le futur du travail ?… Comme le souligne Alexandre Bouchet, ces interrogations sont légitimes, mais certaines tendances montrent que le métavers est là pour rester et qu’il offre un espace d’innovation et d’opportunités pour les entreprises.
Le Métavers : un espace d’innovation et d’opportunités pour les entreprises
Raisons pour lesquelles le Métavers pourrait devenir réalité :
Selon Alexandre Bouchet, le concept de métavers est destiné à perdurer. Il pourrait se concrétiser grâce aux avancées technologiques significatives. Les casques de réalité virtuelle deviennent de plus en plus accessibles, contribuant ainsi à la démocratisation des expériences virtuelles. Les systèmes réduisent la qualité de restitution des mondes virtuels se multiplient. Aujourd’hui, nous pouvons les voir, les entendre et même les sentir (OLFY). Demain, nous pourrons même ressentir le poids des objets, et la frontière entre le réel et le virtuel deviendra de plus en plus floue.
Les progrès de l’intelligence artificielle avancent à un rythme extrêmement rapide, au point que des milliers d’experts, y compris les dirigeants de Tesla, d’Apple et de DeepMind (laboratoire d’IA de Google), ont signé une lettre ouverte demandant une pause dans le développement de l’IA. Selon Alexandre Bouchet, il est fort probable que les IA soient bientôt capables de créer des mondes virtuels en utilisant des prompts. “Nous pourrons très probablement interagir avec des êtres humains virtuels qui seront indiscernables des êtres humains réels”.
Les infrastructures réseau se déploient également rapidement, avec déjà des discussions sur la 6G. À chaque étape, nous réalisons des améliorations considérables en termes de réduction des délais et d’augmentation de la puissance de calcul.
Les investissements pour le Métavers
Le métavers pourrait également se concrétiser grâce aux investissements massifs déployés dans cette technologie. Il ne s’agit pas seulement de quelques millions de levées de fonds, mais de montants se chiffrant en milliards de dollars. Rien que pour l’entreprise Meta, une enveloppe de recherche et développement de 10 à 15 milliards de dollars est autorisée année, avec plus de 10 000 personnes dédiées à ces activités au sein de l’entreprise.
Des entreprises telles que Microsoft, Nvidia, Tencent, Unreal, etc., investissent massivement dans la recherche et le développement, même si ces derniers mois on constate que les investissements se tournent davantage vers l’intelligence artificielle que vers les métavers.
Le commerce électronique
Grâce à ces technologies, nous sommes en mesure de faire de nombreuses choses qui peuvent avoir un sens. L’économie deviendra également un élément majeur présent dans les mondes virtuels. Nous pourrons acheter des produits et leurs utilisations. Il sera possible d’acheter un bien physique que l’on pourra utiliser dans le monde virtuel.
Le domaine des jeux vidéo est le meilleur exemple pour illustrer cela. Auparavant, l’industrie du jeu vidéo générait des revenus en vendant un jeu. Aujourd’hui, cela peut toujours être le cas, mais le modèle économique a changé et les véritables revenus fournis des achats en jeu (achats dans le jeu). Les développeurs d’un jeu gratuit peuvent gagner de l’argent en intégrant des services supplémentaires ou des biens virtuels à leur jeu (comme les skins dans Fortnite). Les achats en jeu représentent 75 % des revenus de l’industrie du jeu.
La toute première commande de nourriture réelle effectuée dans Decentraland (un monde virtuel) a été effectuée par Domino’s Pizza en mars 2021. Celle-ci offrait la possibilité de commander une pizza avec la monnaie du jeu. Une commande passée dans le jeu vidéo permettait de se faire livrer à domicile.
Des tendances démographiques
Le métavers est une technologie nouvelle qui s’adresse principalement à un public jeune. Par exemple, Roblox compte plus de 70 % d’utilisateurs de moins de 16 ans. Roblox, comme beaucoup d’autres plateformes, est déjà un monde virtuel collaboratif. Il ne leur manque que la réalité virtuelle pour être simplifiée comme des métavers.
De plus, pour les publics les plus jeunes qui ont grandi avec les jeux vidéo et les réseaux sociaux, la frontière entre les relations sociales réelles et les relations sociales vécues au sein d’un environnement numérique est de plus en plus floue.
Une économie et un marketing des créateurs et influenceurs
Les plateformes numériques d’aujourd’hui sont animées par des créateurs qui gagnent leur vie en produisant du contenu. À l’avenir, ce ne seront pas seulement les marques qui créeront et animeront les mondes virtuels, mais aussi les influenceurs sur ces plateformes. Ces dernières années, même des influenceurs virtuels ont vu le jour, où des marques s’incarnent à travers des égéries virtuelles.
L’ensemble de ces tendances nous permet d’affirmer avec quasi-certitude que le métavers se concrétisera.
Quelques réserves
Nous avons évoqué les raisons pour lesquelles le métavers pourrait se développer, mais il existe également des raisons qui pourraient nous faire penser le contraire. Selon Alexandre Bouchet, la préoccupation principale concerne l’impact environnemental. Beaucoup se demandent si le développement excessif du numérique ne serait pas trop impactant pour notre environnement. Les nouvelles puissances de calcul, les nouveaux réseaux, les nouveaux terminaux et les centres de données qui devront être fabriqués et alimentés en énergie soulèvent des préoccupations à cet égard.
Les nouvelles règles du jeu pour les marques dans le Métavers
Lorsqu’il s’agit du métavers, les marques doivent définir leurs objectifs. Elles doivent se poser les questions suivantes :
- Veulent-elles améliorer leur visibilité ?
- Travailler sur leur notoriété ?
- Fidéliser leur clientèle ?
- Vendre des produits ?
- Stimuler l’innovation au sein de leurs équipes marketing ?
Il est important de ne pas aborder le Métavers comme un simple site internet. Le public et les capacités sont différents. Les marques doivent également identifier les plateformes adaptées à leur image et aux opportunités qui se présentent. Il existe une multitude de mondes virtuels avec des caractéristiques et des fonctionnalités variées. Il revient donc aux marques de choisir le monde virtuel qui correspond le mieux à leurs besoins. Ensuite, elles pourront concevoir des expériences stimulantes pour leur public cible. Elles peuvent également co-créer du contenu avec les communautés existantes, car ce sont les utilisateurs qui créent de la valeur.
Anticiper les risques du Métavers
Les marques doivent également anticiper les risques associés aux mondes virtuels et à leurs utilisateurs. De mauvais comportements peuvent subvenir. Ainsi, des expériences négatives vécues par les utilisateurs peuvent avoir des conséquences néfastes pour une marque. Les risques auxquels on fait face sur les réseaux sociaux (cyberharcèlement, humiliations, etc.) peuvent être accentués par le réalisme des mondes virtuels, explique Alexandre Bouchet.
“Se faire insulter sur Twitter n’est pas agréable, mais se faire insulter dans un monde virtuel par quelqu’un qui a une apparence physique et qui est présent en face de vous est encore plus oppressant. C’est pourquoi les problèmes de harcèlement social ou sexuel seront une véritable préoccupation en raison du réalisme de ces simulations.”
Quelques enjeux à moyen et long terme du Métavers
L’interopérabilité est une question essentielle. Est-ce que les achats effectués dans un monde virtuel peuvent être utilisés ou transférés vers d’autres plateformes ?
Le cadre juridique et l’acceptation sociale sont également des sujets importants. Actuellement, il n’y a pas de régulation réelle dans ces espaces, ce qui signifie que l’on peut spéculer, perdre de l’argent, ou agresser des gens sans être inquiété. Le régime d’anonymat similaire à celui d’internet peut conduire à des dérives si des régulations et un cadre juridique strict ne sont pas mis en place.
Le RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données) est également un enjeu à prendre en compte. Les métavers fonctionnent avec des données, et récemment, Meta a été condamné à une amende de plus d’1,2 milliard d’euros par l’autorité irlandaise chargée de la protection des données. L’entreprise américaine a été sanctionnée pour le transfert illégal de données d’utilisateurs européens vers les États-Unis. Les risques de vol de données peuvent être encore plus importants dans le Métavers. Ceci en raison de la quantité de données échangées.
Le récap
Le concept du métavers suscite à la fois enthousiasme et scepticisme. Il est indéniable que cette technologie est en train de prendre de l’ampleur. Les progrès technologiques, tels que la réalité virtuelle accessible et les avancées en intelligence artificielle, ouvrent la voie à des expériences virtuelles de plus en plus immersives. Les investissements massifs des entreprises dans la recherche et le développement du métavers témoignent de son potentiel et sa durabilité.
Le métavers offre des possibilités diversifiées et une économie en plein essor. Des mondes virtuels collaboratifs tels que Roblox, annoncent une transition vers des expériences encore plus réalistes. Les marques sont en train de repenser leurs stratégies pour s’adapter à ce nouvel environnement. Les créateurs et les influenceurs jouent un rôle crucial dans l’animation des mondes virtuels, et l’économie évolue vers des modèles basés sur les achats in-game.
Cependant, des défis demeurent. Il est essentiel de définir des règles du jeu claires pour les marques dans le métavers. Il faut aussi anticiper les risques liés à la réalité virtuelle, tels que le cyber-harcèlement et les mauvaises expériences vécues par les utilisateurs. L’interopérabilité, le cadre juridique et l’acceptation sociale sont des enjeux à prendre en compte. C’est eux qui permettent d’assurer un développement éthique et responsable du Métavers.
En conclusion, bien que le métavers présente des opportunités d’innovation et de croissance pour les entreprises, il est crucial de rester conscient des défis et des questions éthiques qui l’accompagnent. En favorisant une approche équilibrée, nous pourrons exploiter pleinement le potentiel du métavers. Le tout en protégeant les intérêts des utilisateurs et en garantissant un développement durable de cette technologie prometteuse.
Le West Data Festival 2024
Laval Mayenne Technopole organise la 6ème édition du West Data Festival du 12 au 14 mars 2024 à l’Espace Mayenne de Laval.
Cet évènement est le rendez-vous annuel des professionnels pour découvrir, tester et apprendre autour de la gestion des données et de l’intelligence artificielle.
Ce festival évoquera plus en détails la thématique l’IA et la gestion des données au travers de conférences dirigées par des experts ainsi que des ateliers pour favoriser la discussion entre les professionnels et les festivaliers.