Les parrains

LES PARRAINS DU WEST DATA FESTIVAL

Gilles Babinet

Entrepreneur, Auteur et Membre du Comité de l’intelligence artificielle générative auprès du Premier Ministre

Dr. Tawhid Chtioui

Président-fondateur d’Aivancity Paris-Cachan, La Grande Ecolde de l’IA et de la Data

 

Sportive de l’extrême, Auteure, Athlète Equipe de France, Speaker, Exploratrice, Entrepreneure.

 

Directeur Scientifique chez Renault et co-auteur des brevets à l’origine de Siri.

 

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INTERVIEW DE GILLES BABINET

En quoi l’IA est une révolution aussi importante que l’électricité ?

 

 

C’est vraisemblable. Et il y a d’ailleurs plusieurs similitudes. Toutes deux sont des technologies que l’on peut qualifier de systémiques. Comme l’électricité, les cas d’applications de l’IA sont tout à fait transversaux, ils peuvent concerner tous types d’usages dans l’ensemble de l’économie, nos activités domestiques, les services publics, etc. Ce sont également des technologies qui amènent des gains de productivité importants, de nature à modifier profondément l’organisation du travail. Enfin, ce sont des technologies qui génèrent de nouveaux écosystèmes, de nouveaux métiers, de nouvelles filières.

 

Nous ne savons pas où s’arrêteront les progrès de l’IA ; il est donc difficile de dire que c’est la technologie qui dépasse toutes les autres. C’est vraisemblable mais ce n’est pas certain. Ce qui est en revanche fascinant, c’est que c’est une technologie mimétique et à cet égard, elle va ouvrir des champs de connaissance sur le fonctionnement de notre cognition, notre système humain, comme aucune auparavant.

 

 

L’IA est-elle pour toutes les entreprises ou seulement pour une élite ou un secteur particulier ?

 

 

Il est difficile d’envisager qu’une entreprise puisse y être totalement étrangère. La comparaison avec l’électricité vaut également ici. Aucune entreprise ne peut aujourd’hui se passer totalement de l’électricité. Les gains de productivité de l’IA seront de même difficile à ignorer. Une entreprise qui ferait le choix de ne pas utiliser l’IA se mettrait probablement en grande fragilité à moyen terme.

 

Par ailleurs, l’une des caractéristiques de ce qui est en train de se passer avec OpenAI, c’est justement de faire en sorte que l’accès à ces technologies soit simplifié. C’est cela qui va massifier l’usage et pousser les entreprises, particulièrement les petites, à utiliser cette technologie.

 

 

Que diriez-vous à une entreprise qui ne s’est pas encore lancée pour l’inciter à s’y mettre ?

 

 

Qu’elle disparaitra si elle ne s’y met pas lorsque les gains de productivité vont se manifester. Une entreprise utilisant l’AI est jusqu’à 3 fois plus productive qu’une autre selon le BCG. Autant dire que ceux qui ne comprendront pas cela ne resteront pas sur le marché très longtemps. Je lui dirai aussi que ce n’est pas si sorcier que cela le semble de s’y mettre.

 

INTERVIEW DE TAWHID CHTIOUI

 

L’intelligence artificielle, promesse ou menace ? 

 

 

La menace n’est pas la technologie (ou l’innovation de façon plus générale) quelle qu’elle soit, mais la façon avec laquelle on s’en sert. Mais ce n’est pas nouveau. On peut utiliser une technologie de géolocalisation pour protéger les gens (ex : appli Stop Covid) comme pour les pister et les espionner. Mais on ne peut pas s’arrêter à cela. L’enjeu de l’IA (comme toute autre invention) ne se limite pas à celui qui s’en sert, mais concerne aussi et surtout celui qui la conçoit. La technologie est neutre. En revanche, l’éthique de l’IA est un axe essentiel de toutes nos formations à aivancity. Nous souhaitons amener les futurs concepteurs de l’IA à réfléchir aux conséquences de leurs actes, à s’interroger sur l’impact de leurs créations sur notre futur.

 

 

Quels conseils donneriez-vous aux chefs d’entreprises qui s’interrogent sur l’impact de l’IA dans leur activité ? 

 

 

Technologie au développement exponentiel à l’échelle mondiale, l’intelligence artificielle représente un enjeu majeur pour la compétitivité des entreprises. Il est donc indispensable que les dirigeants et les managers puissent être accompagnés dans la compréhension des enjeux relatifs à l’IA et aux Big Data. Il s’agit de leur faire découvrir l’ensemble des briques en cas d’usage de l’IA dans leur domaine d’activité. Cette connaissance du paysage est essentielle pour qu’ils sachent d’abord s’il faut intégrer/accélérer une démarche IA et Data dans leurs perspectives stratégiques et si oui, où et comment avancer sur cette voie.

 

 

Pourquoi est-il fondamental d’échanger et de s’informer pour appréhender au mieux ce sujet délicat ?

 

 

Au-delà des enjeux techniques, l’IA pose aujourd’hui de nombreuses questions, quant à ses implications sur le business et le management, mais aussi sur l’humain et la société. Il est indispensable d’accélérer les domaines applicatifs de l’IA tout en prenant en considération les évolutions des pratiques des entreprises et des attentes de la société. C’est en formant, en comprenant, et en réinventant notre environnement pour l’améliorer que l’on garantira une bonne implémentation de l’IA. La formation et la recherche en sont les leviers essentiels. L’IA est sans aucun doute l’un des leviers essentiels qui déterminera l’organisation de la société de demain. Il est important de s’y préparer.

 

INTERVIEW DE STÉPHANIE GICQUEL

 

En tant qu’athlète de très haut niveau, comment utilisez-vous la data pour améliorer vos performances ?

 

 

Pour moi, la performance ultime, c’est la réalisation du beau geste, du geste bien fait qui va permettre d’exprimer pleinement son potentiel. En ultrafond par exemple, discipline de l’athlétisme dont j’ai récemment amélioré le record de France en courant plus de 253 kilomètres en 24 heures consécutives, ce beau geste prend la forme d’une foulée économe, sachant que le corps tout entier et le mental doivent aussi être en mesure de suivre la cadence. Cette efficacité et cette économie de course est propre à chaque coureur, mais la quête du beau geste résulte toujours d’un travail méticuleux à partir d’un ensemble de données objectives et subjectives. L’analyse de ces données me permet de définir les principaux axes de progression et de tracer ainsi mon chemin.

 

Je distingue en effet deux principales catégories de données. La data objective, d’une part, qui est mesurée grâce à différents instruments et outils, dont la montre connectée qui permet aux coureurs de collecter un grand nombre de données, et j’utilise parfois des moyens plus spécifiques comme par exemple la gélule e-celsius pour mesurer l’évolution de la température centrale, un patch pour mesurer le rejet d’électrolytes dans la sueur lorsque je travaille en chambre thermique lors de processus d’acclimatation à la chaleur, une prise de sang régulière pour analyser des données biologiques, en particulier en matière de micronutrition. Les champs d’exploration en la matière sont presque infinis. La data subjective, d’autre part, qui repose sur le ressenti personnel et l’impression dégagée, l’observation d’autrui.

 

J’utilise les données objectives dans les phases d’entraînement et de debrief des compétitions, jamais en compétition, car je préfère alors rester à l’écoute de mes sensations du moment. Sauf lorsque l’objectif de la compétition est précisément de collecter certaines données pour améliorer la performance ou contribuer au travail de recherche des scientifiques avec qui je collabore, comme cela a notamment été le cas quand j’ai couru 7 marathons en 7 jours consécutifs sur 7 continents.

 

 

Comment voyez-vous le progrès de l’usage des data et de l’IA dans le sport amateur dans les années qui viennent ?

 

 

Il me semble que l’évolution à court terme tend vers un accroissement de plus en plus significatif des data accessibles, dont le traitement par l’IA devient en parallèle de plus en plus efficace, de sorte que ces données sont plus facilement lisibles. Le traitement actuel repose toutefois sur des algorithmes accordant une place centrale à l’approche statistique et normée. Or, la performance ultime, telle que je l’ai définie précédemment, nous emmène dans une autre dimension, par nature plus personnelle. À moyen terme, le progrès de l’usage des data et de l’IA dans le sport se lira dans cette capacité de prise en compte de la singularité de chaque athlète. Nous en sommes certes actuellement aux balbutiements dans le sport de haut niveau, mais les évolutions technologiques en la matière se font sur un rythme exponentiel.

 

À mon niveau, j’essaie d’être plus attentive à ces éléments intrinsèques qui font la singularité de la performance et c’est le cap que je me suis fixé pour tenter de courir plus de 270 kilomètres en 24 heures consécutives, cette marque correspondant au record du monde actuel de la discipline.

 

 

L’usage toujours plus grand de datas par les sportifs de haut niveau, peut-il avoir des retombées dans la médecine générale et si oui, donnez-nous un exemple ?

 

 

Je participe à différents protocoles de recherche avec des chercheurs qui donnent lieu à la publication d’articles dans des revues indexées pour que mon expérience sportive puisse être utile au plus grand nombre.

 

L’acclimatation aux stress environnementaux en amont des compétitions dans la chaleur ouvre par exemple des perspectives quant à la possibilité de chaque individu de s’adapter aux vagues de chaleur de plus en plus fortes et fréquentes dans un contexte de réchauffement climatique.

 

Autre exemple : sachant que les épreuves d’ultra endurance peuvent induire une rhabdomyolyse, j’ai participé à un protocole de recherche avec l’équipe de France d’athlétisme lors des mondiaux 2019 dont l’objectif était de pouvoir identifier un nouveau marqueur, en complément du traditionnel CPK, et permettre ainsi de mieux diagnostiquer ces lésions musculaires dont souffrent certains patients.

 

Je travaille actuellement sur un projet de recherche avec 17 athlètes de haut niveau dont l’objectif est de compléter la palette actuelle d’outils d’exploration de l’état de santé du sportif de haut niveau par l’étude des polymorphismes génétiques, afin de permettre une meilleure prévention des risques et des blessures en adaptant l’entraînement, le sommeil et l’alimentation. En effet, l’expression et la répression de nos gènes sont intimement liées à notre hygiène de vie. Cela permet de savoir par exemple pour un sportif donné quelle est sa sensibilité à l’inflammation, son métabolisme des lipides et des sucres, sa sensibilité au stress, aux problèmes de sommeil, aux fractures, la capacité de son système digestif à assimiler les vitamines et les minéraux essentiels, etc. De manière plus générale, cela permettra de modéliser la prise en charge des individus pour optimiser l’espérance de vie en bonne santé. Car vivre plus longtemps, c’est bien, mais encore faut-il que ce soit en bonne santé !

 

INTERVIEW DE LUC JULIA

 

Qu’est-ce que l’Intelligence Artificielle pour vous ? 

 

 

L’Intelligence Artificielle est une boite à outils que l’on peut spécialiser dans un domaine particulier, comme par exemple l’écriture de textes ou l’analyse d’images. On a donc en réalité des IA. Les IA sont des outils perfectionnés conçus par des humains pour des humains et peuvent donc être utilisées à bon ou mauvais escient. Comme les outils traditionnels, elles sont plus ou moins faciles à utiliser.

 

 

Quelles sont les étapes préalables à la mise en place de l’IA dans une entreprise ?

 

 

Il est d’abord essentiel de bien comprendre ce qu’on veut faire, de réfléchir, de regarder si on peut automatiser des tâches répétitives physiques ou intellectuelles. Il faut comprendre les données nécessaires, vérifier si elles sont disponibles. Créer les corpus de données nécessaires pour alimenter les modèles peut être compliqué et coûteux, mais il y a des domaines où ces corpus existent. Pour trouver les bons outils, il faut s’éduquer, et bien sûr échanger avec des spécialistes. Attention toutefois au fait que l’IA n’est pas forcément nécessaire, en particulier si son coût est supérieur au coût humain ou au coût énergétique nécessaire sans elle.

 

 

Pouvez-vous nous donner quelques exemples d’usages de l’IA en entreprise ?

 

 

Dans le secteur primaire, on peut citer, par exemple, l’optimisation des robots ou des machines dans une usine, dans le tertiaire, la création de documents ou l’aide au remplissage de formulaires. Des outils comme ChatGPT ou Dall-e sont utiles dans les domaines de la création graphique, de la communication ou de la publicité.

 

 

Quels conseils donneriez-vous aux entreprises qui ne sont pas encore familières avec l’IA ?

 

 

Il est bon de s’informer, de s’éduquer afin de comprendre quelles sont les capacités et les limites de l’IA. Au-delà du buzz médiatique sur le sujet, il est important d’approfondir, d’échanger avec des spécialistes et de se former sérieusement.

 

INTERVIEW DE BRUNO BOUYGUES

 

Pourquoi la gestion des données est-elle de plus en plus importante pour les entreprises industrielles ? 

 

 

Quel que soit le secteur d’activité, il est de plus en plus important de structurer et gérer ses données afin de pouvoir :
–  améliorer les processus internes et accélérer les processus de décision,
–  augmenter l’expérience client/distributeur au travers d’interfaces numériques plus modernes, d’une gestion plus fine de la qualité des produits et d’une extension des fonctionnalités de l’offre.

 

Qu’attendre principalement d’une bonne exploitation des données dans une PME industrielle ? 

 

 

Une meilleure satisfaction client et un meilleur dialogue interne, une innovation accélérée.

 

 

En quoi la participation au West Data Festival peut-elle aider les entreprises ? 

 

 

Participer au West Data Festival permet de s’informer sur les solutions existantes en matière de gestion des données, d’écouter le retour d’entreprises ayant de l’expérience sur ce sujet, d’échanger avec des experts pour affiner sa stratégie et prendre les bonnes décisions.